• Plongée dans le quotidien de l'ambulance des pompiers

    L’ambulance des pompiers est le véhicule qui sort le plus. Tous les jours, toutes les nuits, toujours plus sollicitée, elle intervient sur toutes les urgences.

    Sirène deux tons et gyrophare allumé sur le toit, l’ambulance des sapeurs-pompiers file à toute vitesse à travers les avenues de Clermont-Ferrand. Il est 20 heures, ce vendredi soir. Les pompiers viennent d’être alertés. Une personne a été retrouvée inconsciente rue de l’Arsenal, dans le quartier des Gravranches, à Clermont-Ferrand. C’est la première intervention de cet équipage du VSAV 1 (véhicule de secours de d’assistance aux victimes), qui a pris sa garde à 19 heures.

    L’adresse indiquée n’est pas exacte. Les pompiers sont obligés de tourner quelques instants avant de découvrir la victime, allongée dans la végétation, en bordure de la voie de chemin de fer, au bout de la rue Jacques-Mailhot.

    Sans attendre, les trois pompiers se penchent sur l’homme. Âgé d’une trentaine d’années, il gît, inconscient. Les secouristes se livrent à un premier bilan tout en sortant le brancard.

    À côté de la victime se trouve une petite bouteille. À l’intérieur, une boisson indéterminée, mais vraisemblablement destinée à mettre fin aux jours de l’homme. Une voiture arrive et stationne à côté de l’ambulance des pompiers. Ils se présentent : le frère et le père. Depuis plusieurs heures, ils étaient à sa recherche. Et quand ils ont vu passer le véhicule des pompiers, ils se sont lancés à sa suite, persuadés que c’était vers leur frère que se portaient les secours.

    « Est-ce qu’il vit encore ? »

    « Il sort de Sainte-Marie (l’hôpital psychiatrique de Clermont, NDLR), il ne prend pas son traitement, soufflent-ils, paniqués, aux secouristes. Est-ce qu’il vit encore ? » Oui, il vit encore. Son pouls bat normalement. Mais il faut le transporter aux urgences du CHU. Maladroitement, le frère tente d’aider les pompiers. Mais il ne fait qu’entraver leurs gestes qui ont la précision de l’habitude.

    Un travail dans l’ombre, sans gloire, mais qui n’en est pas moins indispensable

    Plus que les incendies, plus que les accidents, plus que tout le reste, les interventions comme celles-ci composent le quotidien de l’activité des pompiers. Un travail dans l’ombre, sans gloire, mais qui n’en est pas moins indispensable.

    Entre deux sorties, les pompiers restent dans leur caserne, où ils s’aménagent un endroit convivial : baby-foot, ping-pong, jeu de fléchettes, billard, canapé et table basse. C’est là, ensemble, qu’ils « évacuent » comme ils disent. « Quand il s’agit de gamins blessés, j’ai de plus en plus de mal. Et on est plusieurs dans ce cas, explique un pompier père de famille. Heureusement, les détresses sur lesquelles ils sont souvent appelés ne sont pas que médicales ou vitales. Elles peuvent être aussi sociales. Rarement réjouissantes.

    Éric, Brice et Virginie, l’équipage du VSAV 1, ont à peine le temps de garer leur véhicule à la caserne Turgot que leur « bip » retentit. Il leur faut de nouveau partir. Cette fois, c’est une employée d’une grande surface boulevard Saint-Jean qui est victime d’un accident du travail. Il est 21 heures.

    Une plaie au pouce

    La femme les attend à l’entrée de l’hypermarché. Elle arbore, sur son pouce, un pansement, qui couvre une plaie anodine. Les pompiers la prennent en charge et l’accompagnent jusqu’au CHU, où elle recevra deux points de suture. « Jamais les pompiers ne rechignent à partir en intervention. Les plus grosses génèrent une énergie positive au groupe. À l’inverse, d’autres, plus “petites” produisent une fatigue négative », constate un officier du service départemental d’incendie et de secours (Sdis). « On fait tout un tas de trucs qu’on ne devrait pas faire. Mais bon ! Les gens ont pris le pli de la facilité, d’appeler les pompiers pour un oui pour un non. »

     

    Revenus de l’hôpital, les trois pompiers du VSAV 1 ont un peu de temps pour s’installer à la table des autres agents de permanence cette nuit-là. Au menu, un pâté de pommes de terre préparé en commun. Mais ils ne pourront participer à la vaisselle, faite elle aussi de manière collective. Il leur faut partir à nouveau boulevard Lafayette cette fois, pour une femme malade d’un cancer en phase terminale, et qui se trouve en détresse respiratoire.

    Cette nuit-là, les sorties se suivent et ne se ressemblent pas : un vieux monsieur qui ne répond pas aux appels à Saint-Jacques, un petit accident entre deux voitures rue de Blanzat, un vigile agressé place du 1er-Mai…

    De par leur nature même, les situations d’urgence sur lesquelles ils devront intervenir sont imprévisibles.

    Cependant, avec le recul de l’expérience, les pompiers savent que certaines nuits sont plus propices aux secours que d’autres. C’est le cas des nuits de pleine lune, qui restent particulières.

    Transhumance alcoolique des week-ends

    C’est le cas aussi les fins de semaine, lors des transhumances alcooliques, surtout vers 2 heures, quand les bars ferment, ou vers 5 heures, quand les boîtes de nuit se vident elles aussi. C’est l’heure des « coups de tonneaux et des doubles fractures des côtes du Rhône ».

    Les interventions comme celles-ci représentent plus de 70 % des sorties faites par les sapeurs-pompiers dans le Puy-de-Dôme. Et cette proportion ne fait qu’augmenter d’année en année.

    Jean-Baptiste Ledys

    http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/2016/07/04/plongee-dans-le-quotidien-de-l-ambulance-des-pompiers_11986998.html?

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