• Cancer du sein chez l'homme

    Assez rare, le cancer du sein existe pourtant bel et bien chez l'homme. Parce qu'on le sait encore trop peu, il est le plus souvent diagnostiqué tardivement. Quelles sont les causes de cette pathologie tumorale et quels en sont les symptômes ? Comment est-elle traitée ? Le point avec Hervé Curé, professeur de cancérologie à l'Institut Jean-Godinot à Reims (51).

    Sur les 50 000 cas de cancers du sein détectés chaque année en France, moins de 1 % sont décelés chez l'homme. Cette pathologie reste mal connue chez l'homme, même parmi les professionnels de santé. "Ce cancer est spontanément associé à la femme, reconnait le Pr Curé. Face à un homme, les médecins y pensent encore trop rarement." C'est pourquoi la tumeur atteint souvent un stade avancé, avant qu'un diagnostic ne soit posé. "C'est suite à la découverte d'une boule dans le sein que le patient consulte. C'est ensuite l'enchaînement d'une échographie suspecte, suivie d'une mammographie, qui révèle le cancer. Une biopsie viendra ensuite confirmer les doutes, en rapportant des cellules tumorales typiques d'un adénocarcinome mammaire", détaille Hervé Curé. Une méconnaissance, associée à l'absence de symptômes flagrants et l'impossibilité de mettre en place un dépistage : tout cela fait que le taux de survie à 5 ans est moins bon chez l'homme que chez la femme (69 % contre 80 % en moyenne), avec un risque de métastases plus élevé.

    Cancer du sein chez l'homme : pas de profil type

    Cancer sein hommeLes causes de l'apparition du cancer du sein chez l'homme sont connues : il s'agit, comme chez la femme, d'une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2, qui prédisposent à la maladie. Selon le Pr Curé, il n'y a pas de profil type, seulement deux spécificités. "Les hommes noirs présentent davantage de mutations spontanées de ces gènes. Et d'un point de vue géographique, c'est aux Antilles que les hommes développent plus cette maladie. C'est sûrement lié à l'exposition aux pesticides retrouvés dans les plantations de canne à sucre, mais cela n'a pas été démontré scientifiquement". Les mutations se transmettent aussi de façon héréditaire. C'est le cas pour Etienne, 58 ans, qui vient d'être traité pour un adénocarcinome du sein gauche. Il fait partie d'une famille à risque. "Ma mère et ma sœur ont été touchées par la maladie, puis cela a été mon tour. Je vais donc prochainement me faire dépister génétiquement". Un moyen de connaître la mutation dont il est porteur et d'en informer ses proches, même si une transmission de ce type reste rare (moins de 5 % des cas de cancers).

    Cancer du sein chez l'homme : une découverte fortuite

    Car trop souvent encore, chez l'homme, la découverte d'un cancer du sein se fait fortuitement. Pour cet ingénieur en informatique, amateur de voitures anciennes, cela s'est fait par hasard, après qu'il se fut blessé en bricolant. "Je me suis cogné la poitrine contre la vitre de la voiture que je restaurais. J'ai eu très mal, mais je n'ai consulté mon médecin qu'au bout de deux mois environ". C'était en novembre 2012. Etienne est opéré quelques semaines plus tard et terminera ses traitements en juin de l'année suivante. "J'ai eu de la chance, car la maladie a été très vite diagnostiquée."

    Cancer du sein chez l'homme : un traitement identique au cancer du sein chez la femme

    Le traitement proposé aux hommes est le même que celui des femmes atteintes d'un cancer du sein. Le patient se fait rapidement opérer pour retirer la tumeur et subir un curage ganglionnaire, pour limiter les risques de dissémination de la maladie. Il suit ensuite une cure de chimiothérapie et deradiothérapie. Puis pendant 5 ans, une hormonothérapie par anti-estrogènes complètera sa prise en charge. "Et là aussi, on a droit aux mêmes effets secondaires que les femmes : fatigue, crampes et bouffées de chaleur. Je dois avouer que cela fait tout drôle de se retrouver en sueur, tout d'un coup", plaisante Etienne.

    Barrière psychologique

    Reste à trouver sa place, quand on est un homme. La rareté des cas masculins rend la situation compliquée pour justifier une ordonnance de mammographie ou une cicatrice au sein. "Même si, en tant qu'homme, j'attache moins d'importance à ma poitrine ou mes cheveux, je me suis posé des questions et il n'y avait personne pour me dire par quoi j'allais passer, les obstacles qui m'attendaient… C'est pourquoi j'ai adhéré à l'association Vivre Comme Avant, après avoir rencontré une bénévole quand j'étais hospitalisé. Je veux pouvoir aider les hommes atteints par la maladie et sensibiliser à cette cause". Et même s'il vient de devenir bénévole, Etienne a déjà des idées : "Je pense à créer une affichette avec un slogan du type "Cancer du sein : les hommes sont aussi concernés" à mettre dans toutes les salles d'attente de médecins". Avant de conclure : "Si ma mobilisation permet de sauver ne serait-ce qu'une vie, ce sera un pari gagné pour moi".

    Sihem Boultif

    Créé le 31 mars 2014

    Sources :

    1 - Entretien avec le Pr Curé, professeur de cancérologie à l'Institut Jean-Godinot (CLCC) à Reims (51), mars 2014.
    2 - Entretien avec Etienne, atteint d'un cancer du sein en 2012, mars 2014.
    3 - Sites de l'Inserm et de l'InVS
    4 - "Cancer du sein chez l'homme : profil histo-pronostique", Annales de pathologie, Vol 24 - N° HS1, p. 131 - novembre 2004 (résumé en ligne).

    Association Vivre Comme Avant, où des femmes et hommes opérés d'un cancer du sein sont à votre écoute.

    Forum Cancer du sein

    http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/cancer_sein/articles/16291-cancer-sein-homme.htm

     
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