L'érysipèle de jambe, en particulier, est favorisé par une insuffisance veino-lymphatique, notamment un lymphœdème, et la présence d'un intertrigo (61 % des cas), d'une plaie (35 %) ou d'un ulcère (14 %) 1,3.
Certaines pathologies ( immunodépression, diabète, alcoolisme, tabagisme...) sont parfois désignées comme facteurs de risque. Cependant, les analyses cas-témoins ne retrouvent pas de lien. "Il s'agit davantage de situations favorisant les facteurs de risque précédemment cités", commente le Pr Chosidow.
Les symptômes de l'érysipèle
L'érysipèle se manifeste brutalement par :
- Une fièvre élevée accompagnée généralement de frissons ;
- Une plaque rouge luisante, chaude, enflée et douloureuse.
Dans plus de 85 % des cas, la maladie touche les membres inférieurs (pieds, chevilles, jambes...) 2. Elle peut aussi être localisée au visage, aux membres supérieurs, à la poitrine, aux abdominaux... et parfois même aux organes génitaux. Les ganglions proches de la zone touchée peuvent aussi augmenter de volume.
"Sous sa forme la plus fréquente, caractéristique, l'érysipèle est parfois qualifié de syndrome de la grosse jambe rouge aiguë fébrile", remarque le Pr Olivier Chosidow, chef du service de dermatologie à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil. 3
Le diagnostic de l'érysipèle
Son diagnostic ne nécessite aucun examen complémentaire particulier. Les symptômes caractéristiques de l'érysipèle suffisent à établir le diagnostic. Toutefois, les facteurs favorisants doivent obligatoirement être recherchés. Une analyse de sang peut également être prescrite pour constater ou non une augmentation des globules blancs et de la protéine CRP.
Le traitement de l'érysipèle : antibiotique et repos
Les infections à streptocoque peuvent faire des ravages en cas de négligence et conduire à une septicémie sur le long terme. C'est pourquoi l'érysipèle doit être traitée efficacement et le plus rapidement possible.
Le plus souvent, l'érysipèle guérit facilement grâce à un traitement par antibiotiques prescrits durant une quinzaine de jours, en général de la pénicilline (amoxicilline), parfois la pristinamycine (Pyostacine®) lorsque la personne est allergique aux premières. Le Pr Chosidow détaille : "Le traitement débute par une phase d'attaque de six jours maximum, avec 50 mg/kg d'amoxicilline ou 3 g de pristinamycine, répartis en trois prises quotidiennes. Suit ensuite une phase d'entretien où les doses sont réduites d'environ un tiers."
D'autres médicaments peuvent être prescrits pour diminuer les douleurs et la fièvre comme du paracétamol, ainsi que des anticoagulants en cas d'insuffisance veineuse. Dans tous les cas, il est vivement conseillé de se reposer, idéalement de rester au lit.
La présence de certains facteurs de risque ou de signes de gravité peut nécessiter une hospitalisation avec, parfois, l'administration d'antibiotiques par voie intraveineuse en phase d'attaque.
À noter : malgré l'inflammation, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (aspirine, ibuprofène, kétoprofène...) et les corticoïdes sont contre-indiqués. "Ils masquent les symptômes, risquant de retarder le diagnostic, et sont suspectés de favoriser les complications", justifie le médecin.
L'amélioration survient deux à trois jours après l'instauration de l'antibiothérapie et la guérison après dix à quinze jours. "Cependant, chez 12 % des patients, l'érysipèle récidive dans les six mois et chez 30 % dans les trois ans, avertit le Pr Chosidow. "Une fois la porte d'entrée repérée et traitée, il est indispensable de soigner l'état de la peau, tout en prenant en charge les facteurs de risque, qui sont les mêmes que pour un premier épisode. "
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