• L'arthrose de la hanche ne condamne pas à l'immobilité

    L'arthrose de la hanche ne condamne pas à l'immobilité

    Près de dix millions de Français souffrent d'arthrose. Cette dégénérescence du cartilage est susceptible d'affecter toutes les articulations avec des répercussions plus ou moins invalidantes (douleur, gêne fonctionnelle). Après celle du genou, l'arthrose de la hanche représente le deuxième motif de plaintes liées à l'arthrose.

    L'arthrose de la hanche, ou coxarthrose, touche l'articulation qui relie le fémur au bassin. Sa douleur doit impérativement être soulagée sous peine de limiter les activités. Le Pr Francis Berenbaum1, rhumatologue, chef de service à l'hôpital Saint-Antoine, revient sur ses spécificités, son diagnostic et son traitement. Il encourage ses patients à bouger et conserver leurs activités.

    L'arthrose de la hanche n'est pas une fatalité liée à l'âge

    Arthrose hanceContrairement à ce que l'on pense souvent, l'arthrose est une maladie à part entière et non une simple usure liée à l'âge. Ainsi, même si le vieillissement rend le cartilage moins résistant, certaines personnes ne seront jamais concernées. Elle peut être plus ou moins invalidante en fonction de sa localisation (doigts, genoux, hanches, colonne vertébrale...). "L'arthrose de la hanche, ou coxarthrose, représente 20 à 30 % des plaintes liées à l'arthrose, juste derrière le genou, précise le Pr Francis Berenbaum.Comme n'importe quelle autre localisation, elle concerne davantage les hommes avant 50 ans, puis les femmes. Au total, ces dernières représentent deux tiers des malades".

    L'arthrose de la hanche est plus fréquente lorsque l'articulation a déjà subi un traumatisme comme une fracture articulaire ou une luxation après un accident, chez les sportifs professionnels qui utilisent beaucoup leur pied d'appel (footballeurs...) et dans de rares professions (port quotidien de charges lourdes). Certaines anomalies de l'articulation, comme la dysplasie congénitale de la hanche, favorisent également son apparition, parfois dès l'âge de 30-40 ans. Enfin, certaines familles semblent plus concernées laissant penser que l'hérédité joue un rôle.

    L'impact du surpoids reste discuté : "S'il est évident pour l'arthrose du genou, multipliée par deux ou trois en cas d'obésité, il existe peu d'études montrant une relation avec l'arthrose de la hanche, remarque le Pr Berenbaum. Elle pourrait être légèrement augmentée en cas d'obésité."

    Les symptômes de l'arthrose de la hanche

    L'arthrose de la hanche se manifeste par une boiterie et une douleur qui évolue par poussées de quelques jours à quelques semaines sur un fond chronique. "Dans les cas les plus caractéristiques, les patients évoquent une douleur dans le pli de l'aine qui irradie sur la cuisse, détaille le Pr Berenbaum. Cependant, la douleur peut aussi concerner la fesse, la hanche ou même seulementle genou. Parfois, elle va jusqu'à perturber le sommeil."

    Les douleurs et le manque de mobilité provoquent une gêne quotidienne : boiterie, difficultés à enfiler des chaussettes ou des bas, ramasser un objet, entrer et sortir de voiture... Le matin, il faut souvent plusieurs minutes pour que l'articulation se "dérouille".

    "A la différence du genou, la hanche est une articulation profonde dont le gonflement n'est pas visible extérieurement, remarque le Pr Berenbaum. Le diagnostic repose sur l'interrogatoire et l'examen clinique". Son patient allongé sur le dos, le médecin plie le genou et la hanche concernée en la faisant pivoter de droite à gauche. En cas d'arthrose, cette mobilisation est censée réveiller la douleur.

    La radiographie confirme le diagnostic d'arthrose

    Pour s'assurer de son diagnostic, le médecin demande des radiographies : du bassin, de face, montrant les deux hanches, et de chacune d'elles, en "faux profil". Le rhumatologue explique : "Les clichés montrent le pincement de l'articulation et l'ostéophyte, de l'os nouveau qui s'est formé autour de l'articulation. L'IRM n'est généralement pas nécessaire". Une prise de sang est également demandée. Elle confirme l'absence de syndrome inflammatoire (vitesse de sédimentation normale).

    En général, l'arthrose de la hanche évolue lentement. Dans de rares cas cependant, il peut s'écouler moins d'un an entre les premières douleurs et des manifestations sévères invalidantes. Les médecins parlent alors de "coxarthrose destructrice rapide". "Si la première radiographie ne montre rien malgré des symptômes évocateurs, il est utile d'en prévoir une seconde six mois plus tard car ces formes restent invisibles lorsqu'elles débutent", conseille le Pr Berenbaum.

    Outre ses répercussions sur la qualité de vie, la douleur limite la marche et la mobilité, contraignant à une sédentarité qui, indirectement, favorise les maladies cardiovasculaires2. "Il n'est pas rare de voir consulter des personnes encore actives professionnellement ou récemment retraitées. Il faut leur trouver des solutions", remarque le spécialiste.

    Mobiliser la hanche grâce à une activité physique régulière

    Si l'arthrose de la hanche est confirmée, le médecin prescrit un traitement non pharmacologique et des médicaments. Le Pr Berenbaum insiste : "Le traitement non pharmacologique est indispensable pour conserver une bonne mobilité."

    L'activité physique est encouragée sans excès, deux à trois fois par semaine, en privilégiant les sports sans à-coups et/ou pesanteur comme la marche, le vélo, la natation… La kinésithérapie et les cures thermales sont aussi bénéfiques, l'idée étant de renforcer les muscles qui entourent la hanche pour la stabiliser et diminuer la douleur.

    Le Pr Berenbaum conseille, lors des poussées, de ménager l'articulation en utilisant une canne du côté opposé à la hanche douloureuse. Elle limite les douleurs et pourrait également ralentir la dégradation du cartilage. Les personnes qui craignent d'avoir l'air vieux peuvent la remplacer par un parapluie. Lorsqu'il existe un surpoids, les médecins encouragent la perte de quelques kilos, "tant pour soulager la hanche que pour la préparer à l'éventualité d'une opération".

    Des médicaments pour limiter les douleurs

    Il n'existe pour l'instant aucun traitement capable de ralentir ou soigner l'arthrose. Pour soulager les douleurs et l'inflammation, le médecin prescrit d'abord un antalgique périphérique bien toléré comme le paracétamol. S'il n'est pas suffisamment efficace et qu'il n'existe pas de contre-indication, il passe aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) à "la plus petite dose efficace pendant la durée la plus courte possible", précise le Pr Berenbaum, ajoutant que ses patients n'ont généralement pas de difficultés à adapter seuls leur traitement.

    En complément, on peut parfois proposer des anti-arthrosiques symptomatiques d'action lente (AASAL) : glucosamine ou chondroïtine sulfate, insaponifiables d'avocat ou de soja, diacéréine... Leur efficacité est controversée mais ils ont l'avantage de présenter peu ou pas d'effets secondaires.

    Les infiltrations de corticoïdes (injections) permettent également de limiter les douleurs. Dans l'arthrose de la hanche, elles s'effectuent sous contrôle radiographique et anesthésie locale, ce qui limite leur utilisation à une ou deux fois dans l'année. L'acide hyaluronique, dont la viscosité est proche de celle du liquide synovial, est parfois utilisé en infiltration intra-articulaire dans cette indication. Cependant, les bénéfices réels de ces infiltrations ne sont pas encore démontrés.

    Quand la prothèse totale de hanche s'impose

    Lorsque les douleurs ou la gêne deviennent trop importantes malgré l'application de ces mesures, il faut remplacer l'articulation par une prothèse totale de hanche. Sachant que cette dernière a une durée de vie limitée, de quinze ans en moyenne, et qu'une seconde opération est toujours plus compliquée qu'une première, les médecins essaient de retarder au maximum cette chirurgie, en général après 60 ans.

    Les patients qui bénéficient d'une prothèse totale sont toutefois de plus en plus jeunes. "On n'opère pas une radio mais un patient avec des douleurs et un handicap, note le Pr Berenbaum. Certaines personnes n'auront jamais besoin de prothèse malgré une articulation qui apparaît très dégradée sur les clichés tandis que d'autres doivent y recourir dès la cinquantaine".
    La mise en place d'une prothèse totale de hanche nécessite une semaine d'hospitalisation et une rééducation de quelques semaines. Elle permet en général une nette amélioration, tant du point de vue des douleurs que de la mobilité, avec disparition de la boiterie.

    Recherche : quelles pistes pour empêcher l'arthrose d'évoluer ?

    L'arthrose se manifeste d'abord par une dégénérescence du cartilage articulaire qui devient moins résistant et se fragmente en débris. Par la suite, c'est toute l'articulation qui souffre.

    Une première approche vise à limiter la disparition du cartilage. Le Pr Berenbaum explique : "Nous savions que le cartilage produit des enzymes favorisant sa propre dégradation. Plus récemment, nous avons découvert que d'autres tissus articulaires participent au processus (os, membrane synoviale...). Connaître les molécules impliquées facilitera la mise au point de thérapies ciblés." La stratégie a déjà été utilisée avec succès dans lapolyarthrite rhumatoïde où les anti-TNF-alpha ciblent le TNF, une protéine qui joue un rôle clé dans l'inflammation. Ces anti-TNF ont été étudiés dans l'arthrose mais ils ne semblent pas apporter de réels bénéfices. D'autres molécules, comme le ranélate de strontium, qui limite la dégradation osseuse dans l'ostéoporose, montraient des résultats plus encourageants. Malheureusement, une augmentation possible des accidents cardiovasculaires avec ce médicament ne permettra sans doute pas cette extension d'indication.

    Une autre approche thérapeutique serait d'apporter directement des cellules capables de protéger et/ou régénérer le cartilage (thérapies cellulaires). Dans le cadre du projet européen ADIPOA, des essais cliniques sont en cours, comme à Montpellier où des cellules souches adipocytaires, autrement dit graisseuses, sont injectées à l'intérieur du genou. Une vingtaine de patients ont pour l'instant été recrutés pour s'assurer de l'innocuité de cette méthode. D'autres équipes utilisent directement des cellules cartilagineuses mais elles résistent mal à l'inflammation.

    Audrey Plessis

    Créé le 20 mai 2013

    Sources :

    1. Entretien avec le Pr Francis Berenbaum, chef du Service de Rhumatologie à l'Hôpital Saint-Antoine (Paris, AP-HP) et consultation de son site internet larhumato.fr
    2. Nüesch E. et al. All cause and disease specific mortality in patients with knee or hip osteoarthritis: population based cohort study. BMJ 2011, Mar 8;342:d1165. d1165.

    - L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) pour son Dossier d'information sur l'arthrose
    Rhumatologie.asso.fr, site grand public édité par la Société Française de RhumatologieVoir les pages dédiées à l'arthrose, la question plus particulière de l'arthrose de la hanche et les exercices pour renforcer et étirer les muscles (genoux et hanches).
    la rhumato.fr pour le Test de Lequesne qui permet aux médecins d'évaluer le retentissement de l'arthrose de la hanche et de surveiller son évolution au fil du temps. Ce test reste compréhensible par le grand public.
    Stop-arthrose.org, réalisé par l'Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale (AFLAR) qui recense de nombreux Documents téléchargeables sur les conseils d'hygiène de vie et médicaments prescrits dans le cadre de l'arthrose. Voir la page L'arthrose en chiffres et la fiche pratique Vivre avec une prothèse de hanche
    Ameli-sante.fr, le site de l'assurance maladie, pour ses pages sur l'arthrose de la hanche(comprendre, comment reconnaître, quel traitement, vivre avec...).

    Arthrose : gare à l'usure !

    Forum Rhumatismes

    http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/rhumatismes/articles/15874-arthrose-hanche.htm

     

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