• « A deux, il est plus facile de gérer le diabète »

    Maria do Rosario Fernandes souffre du diabète de type 2 depuis 2010. Le diagnostic de son mari remonte à 2005. Elle prend de l’insuline. Lui non. Face à la maladie, ils se soutiennent l’un l’autre. Un grand réconfort au quotidien.

     

    Même si une légère pointe d’accent portugais donne à son impeccable français des saveurs lusitaniennes, Maria do Rosario Fernandes (50 ans) a fait de la Chaux-de-Fonds, qu’elle a rejoint à l’âge de sept ans, son véritable port d’attache. « J’adore la neige », affirme-t-elle avec la belle spontanéité qui la caractérise. Et les hivers les plus rudes ne lui font pas peur, elle qui pratique la raquette et, maintenant, la luge avec ses petits-enfants.

    En 2010, pourtant, la nouvelle de son diabète la terrasse. Elle sait, vu la maladie de son mari, les contraintes que cela suppose au quotidien : « pendant un mois et demi, j’ai vraiment eu de la peine à accepter mon nouvel état ; puis, peu à peu, il a fallu se rendre à l’évidence et se prendre en mains. Aujourd’hui, j’ai coutume de dire que cela fait partie de la vie, de ma vie, même si le combat est quotidien car je suis de nature gourmande ».

    Aucun antécédent familial

    La maladie a d’autant plus surpris Maria qu’il n’y avait aucun antécédent familial, pas même l’ombre d’un diabète gestationnel lorsqu’elle a attendu ses deux filles, Véra et Vania. Mais sont alors remontés les souvenirs encore récents de l’expérience de restaurateurs qu’elle et son mari ont vécue pendant douze ans au Portugal. En 1996, le couple et ses deux filles décident de tenter le coup : s’installer au pays, reprendre un restaurant de village dans la région de Coimbra, non loin de la famille, et vivre une autre vie.

    « Au départ, nous étions ravis, mon mari et moi. Cette idée nous était venue à la suite des vacances très réussies que nous passions chaque année dans cet endroit. L’établissement marchait bien (jusqu’à 200 couverts par jour), nous avions huit employés. Moi, j’officiais à la cuisine, après avoir suivi des cours ; mon mari s’occupait du service et du bar. Le restaurant était ouvert 7 jours sur 7 de 08h00 à 23h00 ; autant dire que nous ne comptions pas nos heures et que nos nuits étaient courtes ».

     
     

    Rêve brisé

    Un rythme effréné qui aura eu raison de sa santé comme de celle de son mari : « j’en suis convaincue, insiste Maria. Le stress, les repas sans horaire régulier, une alimentation déséquilibrée, c’est-à-dire sans légumes, me paraissent être à l’origine de notre diabète. A cela sont venus s’ajouter des soucis d’ordre économique, car si les premières années ont été fastes, les difficultés financières de nos clients ont réduit leur présence, alors que nos filles, toutes deux à l’université, nous coûtaient de plus en plus cher (appartement en ville, coûts exorbitants des études non subventionnées). La crise économique qui a frappé le Portugal, comme la planète entière, a ensuite tout emporté ».

    Le rêve portugais brisé, Maria et son mari reviennent à la Chaux-de-Fonds en 2008. Lui travaille sur des chantiers routiers comme  machiniste ; elle reprend une activité, tout d’abord chez Denner, puis dans une entreprise d’horlogerie du groupe Swatch où elle s’occupe des barillets, le « cœur de la montre », précise-t-elle avec fierté.

    La découverte des légumes

    Dans cette nouvelle étape, plus sereine, de leur vie, l’irruption du diabète a fait l’effet d’une bombe. Maria se nourrissait mal, ne pratiquait aucune activité physique, souffrait d’un certain embonpoint et cédait souvent à ses envies sucrées. Très vite, elle décide de réagir en s’adressant notamment au centre pour diabétiques de La Chaux-de-Fonds qu’elle fréquente au moins deux fois par semaine. Elle, la cuisinière, doit apprendre à mijoter des repas équilibrés, c’est-à-dire à y intégrer des légumes et des salades.

    « Au Portugal, les habitudes alimentaires sont particulières, puisque nous préparons beaucoup de féculents (riz et pommes de terre essentiellement) qui accompagnent les viandes et les poissons. Un héritage culturel en quelque sorte où les légumes sont quasi-absents. Moi-même, je ne mangeais jamais de légumes, excepté des concombres, alors que je suis née à la campagne et que ma mère avait un potager. Même lorsqu’elle préparait le « caldoverde », un plat typique composé de pommes de terre et de choux verts, je refusais d’en manger ! »

    Des habitudes alimentaires que les Portugais semblent payer cash puisque le taux de prévalence du diabète y est le plus élevé d’Europe occidentale, avec un taux de 13,1 % (source FID), soit près du double du chiffre suisse (7,2 %). Pour sa part, Maria a mis les bouchées doubles depuis l’annonce de son diabète : aujourd’hui, les légumes sont au cœur de son alimentation, grâce aux conseils judicieux de l’infirmière de l’Association neuchâteloise des diabétiques (AND), Katia Borel Paka.

    Brocolis et choux de Bruxelles

    « J’ai effectivement découvert un nouveau monde de saveurs, se réjouit Maria qui associe son mari à ses découvertes culinaires. Je me rappelle quand j’ai acheté pour la première fois des haricots plats coco pour le repas du soir. Les cuisiner fut comme résoudre une équation à plusieurs inconnues. Mais je m’y suis mise. Mes légumes préférés sont aujourd’hui les brocolis et les choux de Bruxelles. Mais j’aime aussi varier les goûts et préparer de bonnes salades. Le riz, les pommes de terre ont déserté la table familiale. Mon mari et moi-même nous nous en portons que mieux, même si je ne dédaigne pas, à l’occasion, une sucrerie ou un verre de vin ! »

    Maria de Rosario Fernandes tient à souligner qu’elle a reçu un excellent soutien durant toute cette période, qu’il soit médical ou associatif (elle est d’ailleurs membre du comité de l’AND). Les conseils et le suivi médical qu’elle a reçus lui ont permis de retrouver un équilibre aussi bien personnel qu’alimentaire. La présence à La Chaux-de-Fonds de ses deux filles, âgées de 26 et 28 ans, la naissance de ses deux petits-fils, Jonas et Yan (1 mois et 28 mois) la comblent, tout comme les liens d’amitié multiculturels qu’elle a su tisser à La Chaux-de-fonds, notamment avec deux de ses collègues avec lesquelles elle marche tous les jours 30 à 45 minutes, qu’il vente ou qu’il neige.

    Seule ombre au tableau, hors la maladie : ses deux filles sont au chômage. Une situation particulièrement rageante puisque toutes les deux ont achevé brillamment leur cursus universitaire au Portugal, l’une comme biologiste marine, l’autre en gestion informatique. Nul doute qu’elles trouveront le job de leur rêve. En attendant, elles ont au moins l’assurance que les nouvelles expériences gustatives de leur mère commencent à faire des émules : « Yan adore les brocolis, comme sa grand-mère, s’exclame Maria qui considère désormais que la crèche et l’école devraient sensibiliser les enfants au plaisir des légumes ». A bon entendeur…

    Pierre Meyer

    http://www.d-journal-romand.ch/articles/archive/a-deux-il-est-plus-facile-de-gerer-le-diabete-20164/

     

    « GENERALISSIME !LA VIE AVEC LE DIABÈTE N’EST PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE… »
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